La culture de l’olivier en Tunisie

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De Moureddine à Magda, via Ksour Essaf ou El Amra, les plantations d’oliviers ornent le grand Sahel tunisien de reflets vert argenté, couvrant de 57 millions de pieds plus d’un tiers du territoire.

(En partie extrait de l’article de Gaëlle Gordien sur le site saisonstunisiennes.com / Photos Srj Édition)
La culture de l’olivier en Tunisie date du VIIIe siècle av. J.-C, avant même la fondation de Carthage par la reine Didon. Les Phéniciens étaient les pionniers de la culture de l’olivier en Afrique du nord.

Les Puniques, du temps de la prestigieuse Carthage avaient fait de l’exploitation agricole une véritable science, et c’est avec le traité agronomique de Magon que la culture de l’olivier fut considérablement mise en valeur.

Ainsi en témoignent les nombreuses ruines d’huileries antiques comme celles des ruines de Sbeitla (l’ancienne Sufetula) ou comme certaines huileries anciennes des différentes régions tunisiennes.

Les broyeurs étaient alors actionnés grâce à la traction d’un bœuf ou d’un dromadaire; les fruits concassés tassés dans des scourtins en alfa puis empilés sur le pressoir à huile, et c’est à la seule force des bras que les hommes s’acharnaient à extirper enfin cet or liquide.

Armée des innovations technologiques de son siècle, la Tunisie produit aujourd’hui plus de 180.000 tonnes d’huile d’olive par an, réparties entre les 1520 huileries (avec une capacité totale de trituration de 23.000 tonnes par jour) du pays sur plus de 1.6 million d’hectares ce qui confère à la Tunisie le deuxième rang après l’Espagne avec près de 19% de la superficie mondiale oléicole et le le 4ème rang à l’échelle mondiale après l’Espagne, l’Italie et la Grèce en terme de production d’huile d’olive.

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L’époque de la cueillette des olives, les mois d’hiver, entraîne une forte migration de la population vers le littoral depuis les régions plus pauvres du centre du pays.

L’oléiculture, bien que saisonnière, permet une mobilisation intensive et parfois salvatrice des travailleurs, notamment des femmes,qui peuvent ainsi alterner avec leur activité principale, le tissage. Une personne sur sept vit en totalité ou en partie de l’huile d’olive en Tunisie.

En Tunisie, deux principales variétés d’olives à huile cultivées sont : la variété  » CHETOUI  » au Nord et la variété  » CHEMLALI  » au centre et au sud On trouve également des variétés comme l’OUESLATI, la CHEMCHALI, la ZALMATI ou la ZARAZI.
Pour les olives de table l’assortiment variétal est non moins important ou on cite notamment : la MESKI, BESBESSI, BIDH HAMEM, LIMI…

Un étal tunisien d'olives de table

Peut-être pour sauver leur mémoire, parce que l’olivier est arbre sacré cité dans le Coran, ou bien encore parce que l’huile d’olive détient de miraculeuses vertus que nul ne peut plus ignorer.

La Tunisie fête l’olivier, le troisième dimanche de novembre.

Ce sera peut-être l’occasion de découvrir d’anciens sites oléicoles, d’assister à des concours de cueillette et déguster les différentes variétés d’olives de la région, pour renouer un instant avec une histoire aux traditions paysannes intemporelles.

Si vous découvrez l’un de ces arbres à l’écorce ridée, fissurée, froissée, égaré au bord d’une autoroute ou à l’ombre de l’un de ces palaces aux cinq étoiles, pensez à ce couple de vieillards sans âge qui viendra cet hiver étendre une large toile à ses pieds; puis, avec les gestes assurés de ceux qui se transmettent le savoir de générations en générations, l’un peignera méthodiquement chaque rameau pour en faire tomber les fruits, l’autre, courbé sur les replis de sa robe, scrutant la terre d’un œil exercé, à la recherche de ces perles précieuses.

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S’il ne restait qu’un seul arbre pour nous conter l’histoire du monde, ce serait l’olivier, ses branches épaisses aussi noueuses que les mains d’un vieux sage, gardien séculaire d’une conscience aussi vieille que sa terre, l’arbre aux mille vertus, l’arbre aux mille reflets.

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